Peuplée par les Phéniciens, les Romains, les Celtes et les Maures, l’Espagne a connu une histoire mouvementée, marquée par de nombreux conflits et périodes de gloire comme de décadence.
Pour mieux profiter de votre voyage et comprendre le pays, découvrons quelques éléments de la culture et de l'histoire de l’Espagne.
Une histoire mouvementée qui a marqué la culture espagnole
L’Espagne sous l’Antiquité
Si les premières occupations humaines de l’Espagne remontent certainement au Paléolithique inférieur, comme en témoignent les sites de Pinedo ou d’Atapuerca, c’est sous l’Antiquité que les Ibères voient le jour. Premier peuple de la péninsule ibérique auquel on a attribué un nom, on ne connaît pas leur origine exacte. C’est plus tard, avec la migration des Celtes en Espagne, que commence très rapidement un métissage de la population. Ce dernier se renforce avec l'arrivée sur les côtes espagnoles des Phéniciens autour de Tartessos et des Phocéens autour d’Ampurias dès le VIIème siècle avant J.-C.
Les Phéniciens étendent leur influence dans toute la Méditerranée occidentale avec la création de plusieurs comptoirs sur la côte portugaise. Les Carthaginois s’installent quant à eux autour de Carthagène suite à leur victoire à l’issue de la Première Guerre Punique (- 264 à - 240). C'est en - 209, la ville est prise par les Romains. Les habitants de l’Hispanie résistent dans un premier temps à la romanisation de leur contrée mais, avec la fin de la conquête de la péninsule ibérique par l’empereur Auguste au Ier siècle avant J.-C., impossible de se défendre plus longtemps ; la romanisation de l’Hispanie est en route, tant dans le droit que la langue, l’urbanisation et la construction de routes. D’ailleurs on retrouve encore de nombreuses traces de ce passé romain en Espagne notamment à Mérida.
Si de nombreuses guerres et révoltes s’en suivent, les Espagnols sont néanmoins peu à peu intégrés à l’ordre des sénateurs et des chevaliers romains au pouvoir, avec l’arrivée d’empereurs espagnols comme Trajan et Hadrien au IIème siècle ou encore Théodose Ier et Maxime au IVème siècle. Puis, en 74, l’empereur Vespasien donne la citoyenneté latine aux citoyens libres de l’Hispanie, désormais soumis au droit latin. C'est à cette période que les grands domaines agraires remplacent les petites propriétés ibères et l’agriculture traditionnelle est bouleversée par de nouvelles techniques d’irrigation et de nouveaux centres urbains voient le jour. On l'observe, par exemple, à Saragosse mais aussi Valence.
Du Ier au IIème siècle, c’est la pax romana : une période de paix imposée par Rome aux régions qu’elle a conquises. L’économie en Hispanie se développe alors au contact d’autres régions du bassin méditerranéen vers lesquelles elle exporte de l’étain, de l’huile d’olive, du vin et de l’or. Le christianisme progresse au sein de la population et les villes se développent autour de monuments typiquement romains à l’instar des aqueducs, ponts, amphithéâtres...
Cette époque est avant-coureuse d’un métissage encore sensible aujourd’hui à travers l’architecture très variée des bâtisses historiques.
L’époque médiévale
Les Vandales, les Suèves et les Alains - peuples barbares - s’installent sur la péninsule ibérique dès 408. Cependant, c’est l’arrivée des Wisigoths qui, de 418 jusqu’au début du VIIIème siècle, va considérablement bouleverser la civilisation et la culture hispaniques. Ils prennent pour capitale la ville actuelle de Tolède et se convertissent au catholicisme lorsque le roi Récarède d’Hispanie l’impose comme religion officielle en 589.
Avec l’arrivée des Arabo-berbères en 711 - la date initiale de la conquête musulmane de l’Hispanie wisigothe -, c’est le début de 800 ans de conflit entre chrétiens et musulmans. Profitant de la crise économique et des divisions qui touchent le pays, les Maures s’installent rapidement. Après de violents et nombreux affrontements, le conflit prend en fin en 1492, quand le Royaume de Grenade est totalement éliminé de l’Hispanie et les Morisques - les convertis - expulsés. Cet événement marque la fin de la Reconquista chrétienne. Tout au long de ces 800 ans, la civilisation musulmane modifie considérablement la civilisation hispanique, tant dans le vocabulaire que dans la science et la construction d’édifices (bibliothèques, centres de formation…). D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre parler arabe en Andalousie et des sites incontournables comme le palais de l’Alhambra à Grenade et son architecture musulmane raffinée reflètent encore cette arabisation de l’Espagne.
Le temps de la colonisation : l’Empire colonial espagnol
Les rois catholiques rétablis après la Reconquista soutiennent le projet de traversée de l’Atlantique de Christophe Colomb, célèbre navigateur au service des monarques Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon. C’est le début d’une vaste campagne de colonisation de l’Amérique du Sud nouvellement découverte et la naissance du commerce triangulaire.
L’Empire colonial espagnol trouve son apogée au XVIème siècle. Il s’étend alors du Royaume de Castille à celui d’Aragon, du Mexique à l’Argentine. La fin de la guerre de Succession d’Espagne au XVIIIème siècle marque la réunion des couronnes de Castille et d’Aragon : l’Espagne réunit alors la péninsule continentale, les royaumes d’Aragon et de Valence, la principauté de la Catalogne et les Baléares. C'est ensuite, en 1561, sous Philippe II, que Madrid devient la capitale, remplaçant Valladolid à ce titre.
Grâce à l’or et l’argent venus des Amériques, ce roi d’Espagne peut poursuivre sa politique d’hégémonie mais la cohésion nationale manque et les revenus sont accaparés par les dépenses militaires.
Les temps modernes : le déclin de l’Empire espagnol
Le XVIIIème siècle - ou siècle des Lumières - voit le début de la décadence de l’Espagne et la perte de son influence internationale. En cause, une grave crise économique qui amène inflation et dévaluation de la monnaie, l’isolement du royaume et la rivalité avec la Grande-Bretagne.
Les conflits sont nombreux, notamment entre libéraux et monarchistes, les pertes de territoires se multiplient et l’Inquisition grandit. Entre 1818 et 1830, toutes les colonies espagnoles d’Amérique Latine obtiennent leur indépendance et en 1874, les Bourbons sont rétablis en Espagne. Une monarchie constitutionnelle stable s’installe enfin et la monnaie et la langue castillanes s’étendent alors à tout le royaume.
Si elle reste neutre pendant la Première Guerre Mondiale, l’Espagne n’est en revanche pas épargnée par la grippe espagnole et le général Primo de Rivera profite de l’affaiblissement généralisé pour installer une dictature et moderniser le pays, très en retard au niveau industriel. Mais son autoritarisme critiqué, la crise agraire et la crise économique de 1929 le poussent à s’échapper. C'est ainsi que fut proclamer Seconde République Espagnole en 1931.
Épargné pendant le premier conflit mondial, l’Espagne fut cependant l'une des victimes de la Seconde Guerre Mondiale avec, notamment, le bombardement de Guernica qui a inspiré à Pablo Picasso le tableau du même nom.Cet évènement ainsi que l’histoire de la ville sont relatés au musée de la paix de Guernica.
L’Espagne à l’époque contemporaine, entre conflits et renaissance
La fragile Seconde République Espagnole ne dure que jusqu’en 1939. La guerre civile d’Espagne (1936 - 1939) est en effet remportée par le général Franco, qui mène les forces nationalistes et parvient à asseoir son pouvoir en Espagne durant 36 ans. Entre autarcie et ouverture, l’Espagne franquiste reste d’abord neutre dans la Seconde Guerre Mondiale, mais proche de l’Allemagne nazie et de l’Italie mussolinienne.
On se souvient surtout de ce régime aujourd’hui comme d’une dictature technocratique basée sur la recherche de l’efficacité économique. Les années 60 voient une croissance et une modernisation remarquables en Espagne, faisant passer le pays du sous-développement à la modernité.
Le général Franco meurt en 1975 et le régime évolue progressivement vers une démocratie suite à un accord entre les forces franquistes réformistes et l’opposition. Une loi d’amnistie est votée en 1977, empêchant la poursuite des nombreux crimes franquistes. Cette période voit également la naissance à Madrid d’un mouvement culturel et artistique important. S’étendant rapidement à tout le pays, la Movida touche autant le cinéma, avec Pedro Almodovar, réalisateur, que la musique, le design ou la photographie. De fil en aiguille, le mouvement parvient à transformer les mœurs sociales, préparant l’Espagne à devenir une véritable démocratie.
Quelques traditions espagnoles emblématiques
Le flamenco
Genre musical originaire d’Andalousie né dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, le flamenco est une tradition qui anime les soirées espagnoles et rassemble les curieux et les passionnés. À l’origine simple chant, il a rapidement évolué vers un genre musical et une danse. Entre claquements de doigts et de pieds, le flamenco se danse généralement seul. Les hommes sont vêtus de noir et les femmes revêtent leur plus belle tenue rouge et noire.
En voyage en Espagne, il serait dommage de ne pas assister à une représentation de cette tradition inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Les corridas
La corrida est une course de taureaux typique de l’Espagne qui a lieu dans une arène entourée de gradins. Combat entre un homme et un taureau, c’est une tradition populaire très prisée des Espagnols se décompose en trois parties, les tercios. Durant la première, deux picadors affrontent le taureau et le blessent avec une longue pique afin de l’affaiblir. Durant la deuxième, des banderilleros ou le matador plantent trois paires de banderilles (des bâtons terminés par un harpon) dans son dos. Enfin, le troisième est celui de l’estocade finale portée par le matador à l’aide de son épée.
Si vous souhaitez découvrir cette tradition, elle est pratiquée dans la plupart des grandes villes d’Espagne. Cependant, nous tenons à signaler que le spectacle peut être choquant surtout pour les plus jeunes et qu’il existe d’autres types de corridas, comme la course de recortadores au nord du pays, qui encourage un meilleur traitement de l’animal et met en avant la relation homme/taureau sans mise à mort.
Les tapas
Art de vivre espagnol s’il en est, les tapas sont un incontournable de toute soirée espagnole digne de ce nom. À l’heure de l’apéritif, les habitants se rassemblent, debout à la terrasse d’un bar, pour boire un verre autour d’un ensemble de petits plats salés et bon marché à partager. Une tradition typique de la gastronomie espagnole méditerranéenne, particulièrement chaleureuse et conviviale.