Découlant directement de la définition du développement durable, le tourisme durable est « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil » (Organisation des Nations Unies, sommet de la Terre à Rio, 1992).
Le tourisme durable peut-il réellement exister quand on sait que 8 % des gaz à effet de serre (GES) mondiaux sont liés au secteur touristique ?
En 2019, c’est 1,5 milliards de personnes qui parcouraient le monde selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Avec tous les aller-retours en avion, voiture, bus, et autres, qui en découlent, l'impact du transport dans le tourisme en termes d'émission de GES est indéniable, le transport aérien à lui seul représente 20% des émissions total du secteur. En effet, un avion émet en moyenne, en CO2 par kilomètre et par passager, 20 fois plus qu’un train, 4 fois plus qu’un bus et 2 fois plus qu’une voiture diesel (Agence européenne de l’environnement, 2014). Les trajets long-courriers, contrairement aux idées reçues, ne sont pas les principaux émetteurs, ce sont les trajets intérieurs, plus importants en nombre, qui représentent la majorité des émissions de l'aérien. Un constat qui nous force à réfléchir sur aux impacts des vols transnationaux. (The carbon footprint of global tourism, Nature Climate Change, M.Lenzen, Y.Sun & al., 2018)
Les transports ne sont pas la seule source de pollution du secteur du tourisme. Les hébergements y contribuent aussi. La moyenne des émissions pour une nuit à l’hôtel serait de 6,9 kilos de CO2. Ces émissions sont principalement dues au chauffage (climatisation) et à l’alimentation, mais d’autres services spécifiques à l’hôtellerie ont également un impact notable, le service de buanderie est un bon exemple. En un an en France, les services de buanderie émettent au total 470 000 tonnes de CO2, soit le total des émissions annuelles d’une ville comme Quimper.
Les emballages à usage unique en plastique, très utilisés dans l’hôtellerie, ont également un impact néfaste sur l’environnement, notamment sur les milieux côtiers. Rien qu’en Méditerranée, ce sont 600 000 tonnes de plastique qui se retrouvent dans les eaux tous les ans. Ce chiffre, déjà énorme, devrait quadrupler d’ici 2050 (WWF, Fond mondial pour la nature). L’impact du tourisme ici est indéniable : 200 millions de touristes visitent la Méditerranée chaque été et provoquent une hausse de la pollution par les plastiques à hauteur d'environ 40 %.
Ces pollutions sont parmi les plus connues et les plus visibles. Elles sont d’autant plus néfastes pour l’environnement qu’elles sont couplées à un tourisme de masse exacerbé, c’est-à-dire, lorsque le nombre de voyageurs est supérieur à ce que l’environnement d’accueil est capable de supporter. Elles engendrent dans ce cas des problématiques sociales et sociétales considérables en plus des dégâts sur l’environnement.
Aujourd'hui, l’envie de voyager grandit à travers le monde chaque année. Le secteur du tourisme enregistrait en 2019 une croissance de 4% par rapport à l’année précédente. Pouvons-nous vraiment voyager en respectant l’environnement, les populations locales et les ressources utilisées ? Pouvons-nous réellement profiter de nos vacances sans consommer le double de notre consommation d’eau habituelle, en polluant moins et en ayant un impact positif sur les locaux ?
Bien sûr ! Pour cela, il faut simplement prendre en compte les aspects socio-culturels et environnementaux de notre voyage.
Nous connaissons les aspects négatifs du tourisme de masse. Il peut avoir un effet néfaste sur l’environnement et également sur la culture des populations locales, en y introduisant des modes de vie en contradiction avec l'histoire, les traditions et même la religion de ces communautés. L’authenticité de l’expérience et des valeurs traditionnelles normalement véhiculées par les voyages en pâtissent.
La bonne nouvelle c’est que tout n'est pas mauvais dans le tourisme, loin de là. Le tourisme contribue avant tout, à développer la tolérance et l’ouverture d’esprit des voyageurs. La découverte de nouveaux pays nous permet d’appréhender une histoire différente, d’autres cultures et des modes de fonctionnement inconnus et ainsi de mieux les comprendre.
Le tourisme apporte également des bénéfices économiques aux populations locales. Selon le World Travel & Tourism Council, la contribution dite « totale » du tourisme par rapport au PIB mondial est de 9,8%. Ce chiffre signifie que le tourisme a un impact plus important sur la croissance mondiale que l’industrie pétrolière, automobile ou encore agro-alimentaire.
Le tourisme serait ainsi à l’origine de 274 millions d’emplois, soit 9 % des emplois dans le monde. Il permet la création d'emplois directs, (les guides ou hôteliers, par exemple), mais aussi indirects, à travers la construction ou encore la production alimentaire.
L’apport économique du tourisme permet souvent aux populations de diversifier leurs revenus et ainsi de gagner en indépendance vis-à-vis des industries prédominantes dans leur pays.
Pour les gouvernements, les profits générés par le tourisme peuvent permettre de créer de nouvelles infrastructures ou encore de soutenir financièrement des actions sociales ou environnementales bénéficiant aux populations locales.
Le tourisme peut donc contribuer de manière positive comme négative au développement d'un pays. Que pouvons-nous faire à notre échelle, pour que notre impact en tant que voyageur soit profondément positif ?
Tout d’abord, il est important d’avoir une approche réfléchie, constructive et déculpabilisante de notre capacité d’action. En effet, il faut accepter d’avancer, un pas après l’autre avec nos incertitudes et nos approximations ; l'essentiel c'est d'avancer dans la bonne direction.
Pour cela, il existe une séquence d'actions qui permet de nous orienter vers des pratiques durables : Éviter, Réduire, Compenser. La perspective la plus durable est d’ « Éviter », c’est-à-dire ne pas faire tout simplement. Par exemple, vous deviez visiter un lieu qui n’est accessible qu’en hélicoptère mais vous choisissez de ne pas aller le visiter au vu de l’impact environnemental trop élevé du vol. Ensuite, vous pouvez choisir de « Réduire » l’impact négatif de l’action que vous vous apprêtiez à faire. Plutôt que de faire Lille / Biarritz en avion en seulement 1h30 (c’est quand même très pratique), vous préférez le train qui certes prendre 4 heures supplémentaires mais qui vous permettra de réduire drastiquement vos émissions de CO2. Enfin, vous pouvez choisir de « Compenser » c’est-à-dire d’équilibrer vos actions négatives par une action bénéfique pour l’environnement. Si nous reprenons notre derrière exemple, vous partirez bien à Biarritz en avion mais vous choisirez de planter des arbres ou de soutenir financièrement une association de défense de l’environnement pour compenser vos émissions. Vous l’aurez compris il est toujours préférable d’éviter ou de réduire que de compenser.
Pour rendre les choses encore plus concrètes, nous avons créé cette checklist, tirée de notre guide du voyageur durable, elle pourra sûrement vous aider à devenir un voyageur encore plus responsable.
La checklist du voyageur durable :
- Privilégier des destinations ne nécessitant pas de trajets en avion. Si cela n’est pas possible, privilégier des vols directs ;
- Allonger la durée de vos séjours. L’impact du transport étant le plus important lors de vos voyages, il est préférable de partir 3 semaines en une fois que de faire 4-5 city trips ou long week-end par an.
- Une fois sur place, privilégier les transports doux (c’est bon pour la planète et pour votre santé 😊) et en communs, vous ne trouvez rien de mieux pour vous imprégniez de l’atmosphère de l’endroit ;
- De nombreuses alternatives écologiques aux produits nécessaires lors d’un voyage existent. Acheter une gourde plutôt que de multiplier sa consommation de bouteille en plastique, avoir un sac réutilisable lors de ses achats, se munir d’une boite à repas pour faire les marchés et découvrir la gastronomie locale sont autant de petits gestes qui cumulés peuvent avoir un impact très important sur la réduction des déchets ;
- Séjourner dans des hébergements certifiés durables en continuant sur place à veiller à sa consommation d’eau, d’électricité, ainsi qu’à son alimentation et à la gestion de ses déchets ;
- Réfléchir à l’impact des activités et des loisirs que nous souhaitons faire sur place. Privilégier les découvertes culturelles et les excursions respectueuses de l’environnement ;
- Rester vigilant pour ne pas altérer la biodiversité locale avec des actions anodines comme la cueillette de fleurs ;
- Partager de manière bienveillante et constructive votre expérience avec la communauté en laissant des commentaires détaillés et objectifs sur vos hébergements et vos activités.
Oui le tourisme peut être durable pour cela nous devons être des voyageurs pleinement conscients de l’impact de nos actions sur les Hommes et l’environnement et nous devons travailler, sans cesse, à réduire nos impacts négatifs, le tout un pas après l’autre 😉
Sources :
Lenzen, M., Sun, Y., Faturay, F. et al. The carbon footprint of global tourism. Nature Clim Change 8, 522–528 (2018).
Une étude estime que le tourisme engendre 8 % des gaz à effet de serre anthropiques, actu-environnement.
La Méditerranée croule sous le plastique, WWF.
Le tourisme exerce une pression croissante sur les ressources en eau des pays méditerranéens, Le Monde