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L’« or bleu » une ressource rare à préserver
Voyage durable et responsable
Par Feelingo
30 juin 2020

L’eau n’est pas appelée l’« or bleu » pour rien. Bien que plus de 70 % de notre planète, soit 1,4 milliards de km3, soient composés d’eau, seuls 3 % environ de cette surface sont de l’eau douce. De plus, ce n'est à peu près qu’un tiers de cette eau douce qui est facilement exploitable : ni profondément enfouie ni gelée. Pourtant, c'est bien cette eau qui doit satisfaire les besoins de l’Homme pour toutes ses activités, qu’elles soient domestiques, industrielles ou agricoles… 

Dans un pays comme la France où l’accès à l’eau est plus ou moins aisé et dans lequel il y en a assez pour être autosuffisant, il peut être difficile de comprendre les difficultés liées à cette ressource. Pourtant, la population mondiale ne bénéficie pas des mêmes facilités, que ce soit en termes de qualité ou de quantité d'eau.

En 2017, un rapport réalisé par l’Organisme mondial de la santé (OMS) et l’UNICEF montre que 30 % de la population mondiale, soit 2,1 milliards de personnes, n’ont pas accès à l’eau potable. Le double de ces 30 % n’aurait pas non plus accès à un assainissement sécurisé. Par ailleurs, toujours d’après l’OMS, chaque année, 3,4 millions de personnes décèdent à cause de la pollution aquatique. Aussi, la mauvaise hygiène ainsi que les problèmes d'assainissement expliqueraient à eux seuls 3,1 % des décès dans le monde !

 

 

L'usage de l’eau

Un individu moyen consomme environ 1 385 m3 d’eau chaque année. Ce chiffre inclue les besoins liés aux activités domestiques, à l’agriculture et à l’industrie et il est l’équivalent de 8 650 baignoires remplies. Cependant, le volume varie grandement en fonction des pays. Aux États-Unis, par exemple, il peut atteindre jusqu'à 2 842 m3 alors qu’en Chine, il est à 1 071 m3 par an.

Dans l’industrie, l’eau possède plusieurs intérêts particuliers. C’est un solvant, une source de chaleur, de froid ou de pressurisation, mais surtout c’est une ressource qui est, à l’origine, disponible en quantité. C’est pour cela que les premières industries, textiles ou encore papetières se sont installées à proximité des sources d’eau car cette dernière est nécessaire à de nombreux procédés industriels. Par exemple, d'après les chiffres de Eaufrance, il faut environ 500 litres d’eau pour fabriquer 1 kilogramme de papier, 100 litres pour 1 litre d’alcool, 35 litres pour 1 kilogramme de ciment… Cependant, il faut savoir que même si ces données semblent élevées, l’industrie ne constitue qu’un cinquième de la consommation totale d'eau.

L’utilisation de l’eau dans l’agriculture représente quant à elle plus de deux tiers de l’utilisation totale de cette ressource. Essentielle à la vie de la faune et de la flore, elle est en effet indispensable à la croissance du bétail et des plantes. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « la production de viande requiert entre six et vingt fois plus d’eau que celle des céréales, selon le facteur de conversion aliments/viande applicable ». Ce chiffre est variable car les besoins en eau sont différents en fonction des espèces d’animaux ou de céréales. Par exemple, pour le blé, la production d’1 kilogramme a besoin d’environ 1 000 litres d’eau alors que le riz peut en demander deux fois plus. Côté viande, 1 kilogramme de bœuf frais nécessite 15 000 litres d’eau alors qu’1 kilogramme de volaille fraîche en a besoin de 6 000 litres.

Lorsque l’on s’intéresse de plus près à ces chiffres, comme ont pu le faire l’INRA et la FAO, on s'aperçoit qu’il faut toutefois y apporter quelques précisions. Premièrement, la consommation d’eau dépend grandement du type d’élevage (intensif, en plein air…). Deuxièmement, le total des litres d’eau utilisés comprend l’eau verte (eau de pluie retournant dans le cycle de l’eau), l’eau grise (eau recyclée servant à dépolluer les effluents) et l’eau bleue (eau réellement consommée). Selon un consensus scientifique établi par ces deux organismes, pour le bœuf, l’utilisation de l’eau bleue serait alors estimée à 500 litres par kilogramme de viande.

Parlons maintenant de la consommation domestique. En Allemagne, alors que la consommation totale est de 1 426 m3 par personne, l’utilisation domestique n’en représente que 48 m3. La plus grosse partie est donc utilisée par l’agriculture et l’industrie. Toutefois, il ne faut pas mésestimer les économies que vous pouvez effectuer grâce à des actions simples. Éteindre la douche en se savonnant, fermer le robinet en se brossant les dents, avoir des toilettes sèches ou économiques en eau… sont tant d’actions qui seront bénéfiques pour cette ressource essentielle à notre survie, mais aussi pour notre porte-monnaie.

 

La pollution de l’eau

En considérant les 3 principaux usages de l’eau mentionnés plus haut, on comprend mieux d'où peuvent provenir les différentes formes de pollution dont est victime l'eau.

Les activités domestiques sont polluantes à travers les effluents (organiques, microbiologiques…) qu’elles peuvent créer et rejeter dans l'eau. L’industrie pollue à travers ses activités, via des sources physiques comme la pollution thermique et radioactive ou encore des sources chimiques comme les organochlorés, les métaux, les hydrocarbures… L’agriculture, elle, impacte l’eau du fait des fertilisants, des pesticides, des antibiotiques, des matières telles que l’ammoniac ou le nitrate mais aussi des différents effluents qui résultent de son activité.

Les conséquences sont marquantes :

On note une augmentation de la mortalité des espèces vivant dans les milieux aquatiques. Cela est dû principalement aux modifications des caractéristiques primaires de ces lieux de vie comme la température, la salinité ou encore l’acidité causées par des apports trop grands en matières organiques, chimiques… La conséquence : c'est l’eutrophisation de ces milieux, liée à un apport trop important en nutriments et de cela résulte une prolifération végétale. Cette multiplication des espèces entraîne quant à elle une surconsommation de l’oxygène du milieu, le rendant rare et créant ainsi un stress important voire la mort pour les espèces qui y sont normalement présentes.

Par ailleurs, la contamination de l’eau amène aussi l'empoisonnement des êtres vivants pour lesquels elle est vitale. Des effets toxiques sont alors à noter, comme des maladies, des perturbations endocriniennes ou encore la mort.

 Alors comment réduire la pollution de l’eau ?

À notre niveau, nous pouvons limiter au maximum les risques de pollution accidentelle. L’une des actions est, par exemple, de ne pas jeter nos mégots par terre. Ce dernier pourrait se retrouver dans l’eau et polluer 500 litres d’eau à lui tout seul. D'autre part, nous pouvons limiter notre utilisation de produits néfastes comme la javel et leur transfert vers les milieux aquatiques.

Cependant, des interventions plus globales, au coût parfois élevé, sont également nécessaires. Cela passe par l’épuration de l’eau avant son rejet direct, la mise en place de réglementations sur la fertilisation des sols et l'utilisation des produits industriels, la protection des zones de captage de l’eau…

 

L’impact dû au tourisme

L’eau a toujours été un facteur attractif pour les touristes. Séductrice, l’eau plaît dans tous les milieux qu’ils soient maritimes, balnéaires, alpins ou encore fluviaux.

Un dogme est établi selon lequel un touriste consommerait, de manière directe, plus d’eau à l’hôtel que chez lui. Nous savons par exemple que l’hygiène corporelle, les sanitaires, la lessive, la vaisselle et l’entretien de l’habitat représenteraient 93 % des 143 litres d’eau utilisés par un français moyen en une journée. Ce chiffre a tendance à doubler lors d’un séjour à l’hôtel ! Ajoutons à cela l’utilisation de tuyaux d’irrigation pour les terrains de sport ou de ressources comme de la neige artificielle et la consommation d'eau d'un touriste explose. Cependant, l’empreinte hydrique d’un touriste, bien qu’augmentant à cause de ces facteurs, sera plus importante du fait de sa consommation indirecte. Cela concerne, par exemple, l’eau qui a été utile pour produire l’énergie de nos transports (essence, kérosène…) ou encore notre nourriture.

De plus, lors de l’implantation de nouvelles infrastructures de tourisme, la question de l’accès à la ressource en eau est souvent éludée. S'il y a trop de monde dans un endroit qui ne contient pas assez d’eau, le stress hydrique sera plus conséquent. Ainsi, dans des pays où le climat est sec et où l’eau est rare, le tourisme aura donc un impact encore plus important. Les populations locales pourraient se retrouver privées d'eau, les structures de tourisme étant privilégiées face aux nécessités locales, mettant à mal la cohabitation locaux/touristes. Cela est appuyé par le fait que le tourisme a souvent lieu en été, pendant les périodes les plus sèches.

 

 

Cette question de l’empreinte hydrique nécessite alors des sensibilisations individuelles. Chacun doit se rendre compte de l’impact qu’il a sur cette ressource essentielle à la vie et agir pour la conserver.

Des changements sont néanmoins aussi à exiger à plus grande échelle. L’implication au niveau des collectivités, des entreprises ou des instances dirigeantes permettraient d’avancer vers un avenir où les inquiétudes sur l’eau seraient amoindries par des actions concrètes et décisives.

 

 

Sources : 

FAO, « Livestock's long shadow », 2006

« Les impacts de la pollution de l'eau », eaufrance.fr, 2019

« Les activités industrielles dans le cycle de l'eau », eaufrance.fr, 2019

« Lutter contre la pollution de l'eau », eaufrance.fr, 2019

Bernard Weissbrodt, « Du bon usage de l'eau pour un tourisme durable », 2017

« Quelques fausses idées sur la viande et l'élevage », inrae.fr, 2019